Deux ans de bonheur et puis s’en vont : nous ne vieillirons pas ensemble !
Bad news du côté des pets…
Biki a été euthanasiée début juin, son arthrose aux hanches avait tellement progressé qu’un soir en rentrant j’ai constaté qu’elle avait fait sa crotte sous elle faute de pouvoir se lever. C’était la limite que je m’étais fixée…
Dire qu’en mai j’ai failli adopter un troisième chien, un errant qui vaquait souvent sur notre piste. Mais comment faire lors de mes 3 semaines d’absence en juillet-août ? Une amie me gardait Poussy et pouvait prendre aussi Biki, qui de toute façon ne bougeait plus guère, mais trois ça faisait trop. Finalement, quand je suis parti le 15 juillet il n’y avait plus que mon Poussy adoré.
Je suis rentré le lundi 6 août en grande forme et heureux à l’idée de revoir mon poutichet d’amour malgré des ennuis de santé détectés à Paris. Se retrouver fut une grande joie et on a fait les 40 bornes qui nous séparaient de la maison dans la forêt. Nous avons repris nos habitudes le soir même.
Mais ces délicieux moments n’ont pas duré, le malheur nous guettait « avec sa gueule moche » comme dit Boris Vian.
Le mardi 7 je suis parti en ville pour faire des courses comme tous les gens qui reviennent de vacances. Poussy m’a précédé sur la piste comme d’habitude, 2 chiens sont sortis de la forêt et il s’est arrêté pour les présentations, comme il sied chez ces animaux. Pas de problème, il connaît la piste par cœur et a l’habitude de croiser des congénères.
Sauf que, lorsque je suis revenu le soir à 20 heures il n’était pas là et je ne l’ai plus jamais revu !
J’ai mis des photos et annonces avec mon numéro de tel portable dans tous les domaines forestiers habités à plusieurs km à la ronde, passé une annonce Facebook sur Pet alert Guyane, tout le monde sur la piste est au courant et connaît Poussy, rien, rien, rien et rien.
On a guetté, tant sur la piste que sur la route, le manège des urubus (vautours amazoniens) pour voir s’il y avait une charogne, toujours rien. Je suis passé au chenil local, ils ne l’ont pas, et de toute façon il est pucé et ils passent au détecteur tous les animaux qu’ils ramassent. Ils auraient trouvé mes coordonnées et m’auraient appelé.
Je suis allé aussi à la carrière et au niveau d’un site de grandes paraboles de téléphonie, des chiens traînent là-bas, le mien ne leur correspond pas.
Je n’ai pas arrêté de chercher.
Le chien avait 25 mois et n’était pas castré, même s’il était parti vers une femelle, il devrait être de retour. Mais il peut être épuisé et ne pas retrouver son chemin, c’est pour ça que j’ai prospecté jusqu’à une bonne quinzaine de km depuis la sortie de ma piste, en pure perte. Je suis désespéré.
Je l’ai eu sevré trop tôt à un petit peu moins de 2 mois. Biki a fait son éducation. Je n’ai jamais eu une relation pareille avec un chien, jamais… C’était merveilleux. Ca ne cessait d’évoluer.
On n’avait jamais été séparés plus de 2 semaines et il était à la maison avec Biki, un voisin passait tous les soirs pour les gamelles et un peu de compagnie. Mais cette fois-ci ça a duré 3 semaines et il était dans une maison étrangère. Sur la route durant le retour à la maison, le 6 août, j’ai vu qu’il voulait monter sur mes genoux ce qu’il ne fait pas d’habitude. Ligne droite, personne devant ni derrière, j’ai ralenti et l’ai laissé faire : il m’a léché le visage, chose qu’il n’avait jamais faite auparavant, pour me signifier le bonheur de nos retrouvailles. Bien sûr, je pleure en vous racontant ce dernier cadeau qu’il m’a fait.
Peux plus écrire…
Je termine. Je suis reparti en vadrouille en deux endroits différents suite à un signalement qu’on m’avait donné, mais le chien ressemblait à Poussy sans plus. Les gens ont été formels après avoir vu les photos.
Dernière piste, et c’est celle qui paraît la plus probable désormais, il aurait fini dans l’estomac d’un tigre. Tigre en créole c’est le jaguar, tig rouge le puma. Or, j’ai su récemment que deux, pas un mais deux, tigres ont été vus pas loin de ma piste au moment de sa disparition. Les jaguars aiment bien attraper les chiens pour les manger, plutôt la nuit, mais ça se passe aussi le jour. C’est le plus gros carnivore terrestre d’Amérique tropicale, nettement plus gros que le léopard africain. Ces derniers temps d’ailleurs, de nombreuses agressions d’animaux domestiques par des jaguars ont été signalées ici.
Alors voilà, j’ai perdu l’espoir maintenant et je crois qu’il a été dévoré. J’en prends vraiment plein la gueule et il est temps que les cours reprennent lundi car je suis complétement déprimé. Je le vois partout dans tous les coins où il avait ses habitudes. Je n’ai rangé ni ses gamelles, ni le petit matelas sur lequel il dormait sur la terrasse, je n’y arrive pas.
Maintenant je sais ce que ça veut dire quand des gens disent à la suite d’un gros choc que quelque chose s’est cassé en eux. Je ne sais pas si je pourrai reprendre un chien un jour. Pour le moment, en tout cas, ça m’est totalement impossible.
25 mois moins 2 égale 23, deux ans de bonheur, oui deux ans de bonheur. On aurait du vieillir ensemble ; il aurait eu 10 ans quand j’en aurai 70. Nous ne vieillirons pas ensemble.